Interview d’Alexandra Koszelyk, l’auteure du roman « A crier dans les ruines »

Je suis toujours touchée par les retours de lecteurs : être lue aussi finement, être comprise est le plus beau cadeau qu’un auteur puisse avoir.

Alexandra Koszelyk, 44 ans, est enseignante de français, latin et grec ancien, mais aussi écrivaine puisqu’elle publie en août 2019 son premier roman « à crier dans les ruines ».

Ce roman raconte l’histoire de deux adolescents qui s’aiment et qui se voient séparés par la catastrophe de Tchernobyl. Léna doit quitter son pays pour s’installer en France. Ce n’est que 20 ans plus tard qu’elle revient en Ukraine et qu’elle retrouve ce qu’elle a quitté.

Un succès puisqu’il a remporté, entre autres, le prix Totem des lycéens, le prix Talents Cultura, etc.. Eplume a eu la chance de pouvoir lui poser quelques questions, merci à elle et bonne lecture !

1- J’ai lu que vous aviez des origines ukrainiennes, est ce comme ça que l’idée d’écrire sur Tchernobyl vous est venue ?

L’écriture d’un premier roman est un retour vers ce qui nous hante, nous constitue ou nous habite, et l’Ukraine est un pays que je ne connais pas, mais qui me parcourt depuis toute petite. J’ai toujours trouvé que la littérature française n’en parlait pas assez, qu’on connaissait bien entendu Tchernobyl, mais pas les habitants de ce pays. J’ai voulu leur donner une voix, une identité, et montrer que chez certains la terre est plus importante que tout.

2- Le personnage de Léna a-t-il été inspiré d’une personne de votre famille ou de votre entourage en particulier ?

Léna est une jeune femme qui réussit mais qui possède au fond d’elle un manque qu’elle n’arrive pas à définir. Le point de départ pour la construction de ce personnage a été ma grand-mère qui me disait toujours qu’elle ne savait pas si elle était française ou ukrainienne. La suite est sortie de mon imagination.

3- Dans le roman, vous vous intéressez davantage au personnage de Léna, et non à celui d’Ivan. Nous n’apprenons vraiment qu’a la fin comment il a vécu la catastrophe, y a t’il une raison ?

J’ai beaucoup lu autour de Tchernobyl, notamment La Supplication qui a recueilli les témoignages des habitants de Pripiat, après la catastrophe. Or c’est un livre monument, un chef d’oeuvre, et je ne me voyais pas passer derrière lui. Je me sentais davantage légitime de parler du point de vue français. Les lettres d’Ivan n’apparaissaient pas dans le premier synopsis, mais quand j’ai relu mon livre (quelques mois après avoir mis le mot fin), la voix d’Ivan manquait terriblement, il fallait qu’il parle lui aussi tout au long du roman.

4- Sauriez vous nous dire combien de temps vous a pris l’écriture de votre roman « à crier dans les ruines » ? Quel passage a été le plus compliqué et le plus lent à rédiger ? 

J’ai commencé l’écriture du roman en décembre 2016, lors des vacances de Noël et j’ai terminé un premier jet en septembre 2017. (Mais j’étais loin d’avoir terminé !)

5- Votre roman est à la fois lu par des adolescents et par des adultes, quelle tranche d’âge visiez vous au départ avec ce roman ?

Je ne pense pas avoir ciblé une tranche d’âge particulièrement. J’ai écrit autour d’un personnage qui se construit sans véritablement me projeter. C’est sans doute cette construction qui plaît aux lycéens, eux aussi en pleine métamorphose.

En Angleterre, il n’y a pas de distinction entre littérature pour les grands ados et les adultes … En France, bien souvent, quand un personnage est adolescent, on a tendance à le classer en littérature jeunesse, mais c’est assez réducteur. (Quand je propose un livre à mes élèves, je vais plutôt parler de l’histoire du livre que de sa catégorisation.)

Les lecteurs que je rencontre sont le plus souvent des adultes, et je suis ravie que le livre soit sélectionné sur des prix de lycéens : depuis toujours j’aime ces prix de lycéens, ce sont des lecteurs habitués à lire des classiques, ils ont encore un pied dans une certaine littérature et ils sont généralement très exigeants.

6- Je crois que ce roman est votre premier, imaginiez vous qu’il allait avoir un tel succès ? Êtes vous surprise des réactions que vous avez pu avoir de vos lecteurs ?

Même dans mes rêves les plus fous, je n’imaginais pas de tels retours ! Être publiée était déjà en soi tellement énorme que je ne pensais pas à la suite. Très rapidement, avant même la parution, les retours ont été très bons et le roman était sélectionné sur des prix, cela m’a permis d’attendre la publication plus sereinement, car un premier roman est un véritable saut de l’ange.

Je suis toujours touchée par les retours de lecteurs : être lue aussi finement, être comprise est le plus beau cadeau qu’un auteur puisse avoir.

7- Avez-vous un autre roman en cours d’écriture, ou simplement un début d’idée ?

Oui ! J’ai même terminé le premier jet. Mon éditeur le lit actuellement. 

—Merci Alexandra Koszelyk c’était très intéressant !—

///Retrouvez son blog : https://www.bricabook.fr

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